26 octobre 2022
Les chercheurs Sachiko Sato du CRI et Masahiko Satoh de l’Axe Neurosciences et leurs équipes ont mis en lumière, grâce à l’expertise unique qu’ils ont développée par le biais de leur plateforme de bio-imagerie, un nouveau rôle pour p53, cette protéine-clé dans la prévention des cancers. Leurs conclusions ont été publiées dans le journal eLife en octobre 2022.
Il était déjà connu que la protéine p53 assurait une fonction de gardienne du génome en préservant l’intégrité de l’ADN en conditions de stress cellulaire. Notamment, elle est une médiatrice importante dans les mécanismes de réparation des brins d’ADN ou de l’induction de la mort cellulaire, deux processus empêchant la formation de cellules cancéreuses. Mais de nouveaux résultats suggèrent que p53 interviendrait aussi en situation de faibles stress cellulaire en prévenant l’aneuploïdie, ou anomalie du nombre de chromosomes, un phénomène qui peut mener à la génération de cellules malignes.
Ces résultats sont le point culminant de plus de 5 années à perfectionner leur approche de traçage individuel de cellule, une stratégie qui consiste à suivre une cellule et ses descendantes sur plusieurs générations grâce à des outils comme l’imagerie. En utilisant l’ARN interférant et l’imagerie à long terme sur cellules vivantes, les chercheurs ont pu observer quels événements cellulaires inhabituels se produisaient lorsque des cellules étaient privées de p53. En l’occurrence, des images de cellules vivantes captées par microscopie confocale à contraste d’interférence différentielle à chaque 10 minutes leur ont permis de visualiser et répertorier dans une banque de données les instances de mort cellulaire, de division bipolaire et multipolaire, et de fusion cellulaire pour les lignées cellulaires issues des cellules de départ. Par une simulation du sort cellulaire basées sur ces données, ils ont découvert que les cellules déficitaires de p53 produisaient plus de cellules aneuploïdes que celles qui exprimaient la protéine normalement, laissant entrevoir que son rôle protecteur entre en jeu même en l’absence de stress cellulaire. En revanche, lorsque les cellules sont en conditions de stress, celles n’ayant pas de p53 présentent un avantage reproductif sur les cellules à teneur normale de p53.
Ces importantes découvertes mettent en évidence une double fonction, négligée jusqu’à maintenant, de p53 dans la formation de cellules cancéreuses: leur suppression en absence de stress cellulaire et leur favorisation en cas de stress répétés.